Malgré leur forte
contribution au développement, les femmes ne sont pas encore
reconnues comme contre-poids au pouvoir des hommes. En effet, elles
exécutent de nombreuses tâches et souvent dans des
conditions pénibles. Elles cultivent, s'occupent du stockage et
de la conservation des produits agricoles et les transforment pour les
repas familiaux. Le transport de l'eau et du bois souvent sur de
longues distances leur incombe ainsi que le soin aux enfants.
Ce travail est fourni gratuitement et sa valeur
n'est pas souvent appréciée par la société.
En plus de ces travaux domestiques, les femmes sont
obligées d'entreprendre des activités
génératrices de revenus pour avoir un peu d'argent et
subvenir à certains besoins de la famille.
C'est pourquoi depuis leur création en 1967,
les groupements Naam ont fait des problèmes des femmes leurs
premières préoccupations. Les premiers groupements
féminins sont fondés dès les années 1967 et
actuellement la fédération compte environ 324000
adhérentes.
La création de la cellule remonte aux
années 1980 avec la nomination d'une responsable qui avait pour
tâche principale d'assurer la coordination du travail des
animatrices des unions engagées à l'encadrement
spécifique des adhérentes.
Le rôle de la cellule est de veiller à
l'autopromotion des femmes. Il s'agit d'oeuvrer au renforcement des
activités socio-économiques et à
l'allègement des tâches des femmes réunies au sein
des groupements Naam. Elle doit également s'assurer la prise en
compte de la femme dans toutes les structures de la FNGN,
améliorer la formation des animatrices, travailler en
concertation avec les différents cellules et projets en vue
d'harmoniser les stratégies en faveur des femmes.
La cellule a pu effectivement contribuer à :
- la participation des femmes aux différents
projets de la FNGN (elles sont présentes et actives à
tous les niveaux d'exécution de projets) ;
- la représentation égalitaire des
femmes à des positions clés dans les comités de
coordination, de gestion et dans les bureaux des unions ;
- la mise en place d'activités aussi bien
individuelles que collectives pour les femmes ;
- la formation des animatrices et des membres des
groupements...
Aujourd'hui , la cellule emploie deux animatrices
qui sont chargées de :
- la rédaction et de la négociation
des projets pour la mise en place d'activités en faveur des
femmes ainsi que la formation des animatrices des unions,
- le suivi régulier des activités
menées au sein des unions,
- la production des rapports d'exécution des
projets,
- l'organisation des rencontres-débats avec
les animatrices et les femmes dans le but de chercher des solutions aux
problèmes et d'échanger sur la vie individuelle et
collective,
- la représentation des
intérêts des femmes auprès des services
étatiques et autres ONG etc...
Les déplacements sur le terrain sont
nombreux pour rencontrer les adhérentes et les animatrices afin
de discuter des difficultés rencontrées dans la conduite
des activités, des besoins, de la planification, du
contrôle, du suivi et de l'évaluation des projets. En
effet, plusieurs activités sont menées par les femmes au
sein des groupements et des unions ce sont :
- Les micro-crédits pour le
petit commerce, l'élevage des moutons de case,
- le séchage des fruits et
légumes, les savonneries villageoises,
- le tissage, la couture, la teinture,
le maraîchage,
- la gestion de moulins, des banques
de céréales, des centres nutritionnels communautaires,
les champs collectifs, ...
Elles exécutent avec les hommes les
activités CES (contruction de sites anti érosifs :
diguettes, digues filtrantes, ravines, bullis, retenues d'eau) et agro
foresterie (reboisement, confection et entretien de
pépinières, de fosses fumières et
compostières, zai....)
Les micro-crédits :
L'idée des micro-crédits des femmes
est venue des BTEC. Pour bénéficier d'un crédit
à la BTEC, il faut d'abord épargner car ce sont les
épargnes des membres qui constituent les fonds de
crédits.
Compte tenu du faible taux de revenus des femmes,
elles ont sollicité un appui dans le cadre de leurs
activités de petit commerce. Les bénéfices
qu'elles dégageront de ces activités leur permettront
d'épargner à la BTEC et de bénéficier de
fonds beaucoup plus importants.
Les femmes organisées en groupement doivent
chacune s'acquitter d'un droit d'adhésion de 1000 fcfa . Un
comité de crédit est ensuite mis en place pour
définir les critères d'attribution et donner son avis.
Exemple : Un prêt mininum de 25.000 f cfa est
accordé à la femme pour soutenir son activité de
commerce. Le prêt est remboursable en une année avec un
taux d'intérêt de 10%. Les remboursements sont mensuels.
Chaque bénéficiaire posséde une fiche individuelle
de crédits qui lui permet de suivre les opérations de
remboursements.
Les bénéfices
générés sont épargnés dans la BTEC
la plus proche. Après environ 3 années d'activité
beaucoup de bénéficiaires deviennent autonomes et peuvent
mener leurs activités sans appui financier.
Les remboursements sont versés à la
BIB Ouahigouya au compte no 25136402113 83 intitulé «
compte micro-crédits » .
Ces renboursements servent de fonds de
crédits pour d'autres femmes non encore
bénéficiaires. Le capital est chaque fois
renouvelé et, bien géré, il demeure intarissable.
Les objectifs visés par cette
activité sont :
- l'élévation du pouvoir d'achat des
femmes,
- l'allègement de leur pauvreté par
la mise à disposition de fonds qui leur permettent de disposer
des sommes nécessaires au démarrage ou au renforcement
d'une activité de petit commerce,
- l'autonomie financière de celles-ci car
les bénéfices générés par cette
activité pourront être affectés à
l'amélioration de la situation sanitaire et scolaire des
enfants, à l'achat de vêtements, à
l'amélioration de la situation alimentaire de la famille,
à l'amélioration de leur niveau de vie.
- l'accroissement de leur participation et de leur
rôle dans le processus de développement
Les moutons de case :
L'élevage de moutons de case constitue une
des premières activités des groupements Naam.
Le comité de gestion de l'activité
achète des moutons de 15000 f à 20000 f cfa pour les
femmes.
Le mouton vit dans la cour et ne nécessite
aucun aménagement particulier. Il est nourri de son provenant du
pilage du mil, d'herbes et déchets végétaux
provenant des jardins en saison sèche, de fanes de mil,
d'arachides .... Le mouton est revendu 6 à 7 mois après
de 35.000 à 50.000 f cfa.
Les recettes sont réparties en 3 parts dont
la première sert au remboursement du crédit, la
deuxième à l'achat d'agneau afin de poursuivre
l'opération et la troisième pour éponger la sueur
de la femme. Cette activité est très rentable car la
femme réalise beaucoup de bénéfices.
Rappelons qu'avec le développement des
fosses fumières au sein des concessions familiales,
l'élevage des moutons de case représente une ressource
précieuse pour la fumure organique.
Les objectifs visés par cette
activité sont les mêmes que ceux des micro -
crédits.
Le séchage
La technique du séchage a été
créée dans les années 1986 pour pallier aux
problèmes d'avaries, de mévente et de surproduction des
légumes et des fruits . Cette activité permet
l'utilisation rationnelle de l'énergie solaire pour le
séchage des fruits et légumes à l'aide de
séchoirs solaires couverts de plastique ou de séchoirs
à gaz. Les principales activités sont basées sur
la formation en technique de séchage, la préparation de
plats culinaires à partir de produits séchés, le
maniement et l'entretien des séchoirs, la production et
l'écoulement à l'intérieur et à
l'extérieur du Burkina.
Les objectifs que vise cette activité sont
d'une part de fournir aux femmes une source de revenu
supplémentaire et d'autre part de pallier à la pourriture
des fiuits et légumes ainsi qu'aux problèmes d'avaries et
de mévente.
La savonnerie villageoise
La fabrication artisanale du savon est une
technique utilisée il y a longtemps. Ce savon était
fabriqué à base de beurre de karité et de potasse.
Aujourd'hui , on assiste à une
amélioration de la qualité et à l'introduction de
nouveaux produits. En effet, les femmes Naam fabriquent le savon
à l'aide d'essences locales qu'on peut trouver sur place. C'est
ainsi que nous avons du savon à base de beurre de karité,
de l'huile de Neem, de Balanités, de raisin sauvage, de miel etc
.... Le savon à base de l'huile de Neem est un antisceptique qui
soigne différentes maladies de la peau telles que les
démangeaisons, la teigne, les boutons...
Les objectifs visés par cette
activité sont essentiellement de fournir aux femmes une
activité qui génère des revenus
supplémentaires et de les sensibiliser aux notions
d'hygiène, de gestion et de rentabilité.
La cellule tissage-teinture-couture
Ces activités ont été
créées depuis les années 1987.Ils existent dans
plusieurs unions Naam (Ouahigouya, Tangaye, Thiou, Boussou,
Boussé, Namissiguima, ....) et permettent aux femmes de produire
des pagnes, des nappes , des tenues pour enfants et adultes, des
layettes, des robes, des draps de lits...
Les objectifs visés par ces activités
sont de fournir aux femmes une activité qui génère
des revenus et de les sensibiliser aux notions de gestion et de
rentabilité.
La pharmacopée
En vue de trouver des produits médicaux
accessibles aux pauvres, les groupements féminins
réalisent des jardins de plantes médicinales.
Les centres nutritionnels communautaires
Ces centres ont été conçus
dans le cadre de la lutte contre la malnutrition chez les enfants de 0
à 5 ans. Dans ces centres les mères sont
sensibilisées et formées à la préparation
et à l'utilisation de repas enrichis pour éviter la
malnutrition chez les enfants. Plusieurs sujets tels que planification
familiale, IST/SIDA, éducation, excision, code des personnes et
de la famille, mariage forcé y sont abordés.
Le maraîchage
Cette activité a été
initiée par les Naam dès leur création en 1967
pour d'une part lutter contre la famine et d'autre part freiner
l'immigration des bras valides.
Aujourd'hui, cette activité qui est assez
pratiquée par les femmes constitue pour elles une importante
source de revenus.
Il y a également des activités de
formation et de sensibilisation sur différents thèmes
dont la santé maternelle et infantile, les IST/SIDA, les
maladies diarrhéiques, la planification familiale, le code des
personnes et de la famille, l'excision...
Pour la lutte contre la pratique de l'excision, la FNGN a bénéficié de l'appui des
projets Centerwomen (Suède) et CUSO (Canada.). Actuellement, 60
animateurs formateurs et 900 animateurs relais formés à
l'IEC excision sont chargés de la sensibilisation des
populations de 30 unions des groupements Naam.
Ces activités ont entraîné une
prise de conscience chez les femmes naam. Elles ont compris qu'en
dehors du foyer elles peuvent avoir des occupations qui sont utiles non
seulement à elles mêmes mais aussi à la
communauté, à toute la société. Elles ont
permis aux femmes d'améliorer leurs conditions de vie
grâce aux revenus qu'elles génèrent, et de
s'intégrer parfaitement dans le processus de
développement du monde rural.
Actuellement la cellule féminine fonctionne
grâce à l'appui financier de certains partenaires des pays
du Nord.
A l’avenir
La cellule compte se doter de moyens
nécessaires à l'appui et à l'encadrement des
femmes, d'outils adéquats de suivi-évaluation des
activités sur le terrain. Actuellement, les besoins réels
des femmes sont dominés par la mise en place d'activités
génératrices de revenus ( micro-crédits pour le
commerce, l'élevage des moutons de case, le maraîchage,
les savonneries, les unités de séchage, les ateliers de
tissage-teinture-couture, les moulins à grains...), les
formations (gestion des activités, santé maternelle et
infantile, planification familiale, IST/SIDA, genre et
développement ....), les activités de sensibilisation,
les échanges ....
Aussi, les demandes d'appui de la cellule seront
essentiellement orientées sur ces différents aspects.
La vision de la cellule est que dans le futur, les
femmes Naam puissent s'épanouir dans leur milieu.