1 Historique
La cellule Booré-Tradition d'épargne
et de crédit (B-TEC) est l'une des 14 cellules de la
Fédération Nationale des Groupements Naam. Elle a
été créée en avril 1989 et était
gérée à la fois avec la cellule Comité
d'Animation Commerciale (CAC) ; ces deux cellules étant
considérées comme les poumons de la FNGN devraient
permettre à terme à la FNGN d'atteindre son autonomie.
L'on prônait un capitalisme domestique basé sur le
développement de petites unités économiques en se
dotant de ses propres moyens. La nécessité de
spécialisation pour plus d'efficacité et d'efficience
dans l'utilisation des facteurs de production a conduit à la
séparation de ces deux cellules suite aux premières
implantations des B-TEC en 1990.
Mais d'où est venue l'idée
d'implantation de B-TEC ?
D'abord les B-TEC sont une inspiration des caisses
de solidarité villageoises. Autrefois nos grands parents et
ancêtres pour se prémunir des risques de disette et famine
et pour faire face à certains besoins de cohésion sociale
(funérailles, baptêmes, mariages) faisaient des
cotisations entre habitants du village qu'ils gardaient chez
l'aîné du village.
Nous connaissons cette pratique sous l'appellation
de caisse villageoise. II y a une organisation sociale autour de cette
caisse. Il existe encore ces pratiques dites de micro-finance à
la traditionnelle qui sont secrètes et discrètes. Elles
s'opèrent entre familles ou clans dont les procédures ne
sont jamais connues. Cette pratique informelle mais originale a
dû être formalisée en une caisse bien
structurée avec tous les organes de gestion requis pour une
structure d'intermédiation financière, la B-TEC.
Ensuite, la seconde
idée qui a sous-tendu
l'implantation des B-TEC est qu'à la fin des fonds souples de
l'association Six «S», Se Servir de la Saison Sèche
en Savane et au Sahel, les paysans étaient
désemparés dans la sécurisation de leurs revenus.
II faut noter que six «S» a permis le développement
d'activités productrices et rémunératrices qui
nécessitaient un savoir de gestion et donc un apprentissage
à l'épargne et à l'utilisation parcimonieuse de
ses revenus.
La troisième idée est que les paysans thésaurisaient leur revenu
dans des canaris, sous les matelas et autres objets qui
entraînaient non seulement l'usure monétaire mais aussi
les exposaient aux risques de vol. Parfois même dans la recherche
de la sécurité certains vont jusqu'à enterrer
leurs épargnes qui se trouvent souvent être
dévorées par les termites.
La quatrième idée est la volonté de doter les paysans d'un
instrument financier propre à eux, de proximité et
accessible à des conditions qui ne sont pas celles des banques
commerciales.
L'idée majeure est
la prévalence d'un cartiérisme qui veut la limitation de
la dépendance financière vis à vis de l'aide
extérieure. A terme les B-TEC devraient constituer la banque des
paysans semblable à celle commerciale. Une banque où l'on
pourrait emprunter et mener ses activités sans recours à
la subvention extérieure.
1.2 Mission
La mission des B-TEC est de permettre une plus
grande capillarité des paysans dans un esprit de
solidarité, de responsabilité individuelle et/ou
collective.
En tant qu'instrument de la
Fédération Nationale des Groupements Naam (FNGN), elles
doivent permettre d'assurer la pérennité des
activités entreprises par les groupements par le seul moyen de
l'épargne locale.
1.3 Objectifs
- Renforcer la solidarité entre les membres
des unions en particulier et de la population de la localité en
général,
- Susciter l'épargne dans la
localité,
- Financer les activités rentables
individuellement et collectivement.
1.4 Secteur d'activité
Les B-TEC sont des coopératives
d'épargne et de crédit. Leurs activités consistent
à la mobilisation de l'épargne locale par le canal des
sensibilisations et animations et le financement des activités
par le truchement du crédit. Quatre types de produits financiers
sont offerts par les B-TEC
- le crédit commercial, - le crédit
à la transformation,
- le crédit d'embouche (élevage), -
le crédit de contre-saison.
1.5 Structure de fonctionnement
Chaque B-TEC est organisée en
Assemblée Générale qui est l'instance
suprême de la caisse, en Conseil d'administration, Comité
de surveillance et Comité de crédit. Ces organes
constituent les instances décisionnelles et dirigeantes de la
caisse. un gérant est désigné pour assurer la
gérance de la caisse. toutes les B-TEC bénéficient
des appuis de la cellule d'accompagnement dans la formation,
l'information, le contrôle, l'inspection et la production des
états financiers.
L'assemblée générale
réunit tous les sociétaires de la caisse; le conseil
d'administration se compose de douze membres; le comité de
surveillance et le comité de crédit se compose chacun de
cinq membres. L'unique gérant assure à la fois la gestion
de l'épargne et celle du crédit.
1.6 MARCHE
Les Bôoré-Tradition d'Epargne et de
Crédit (B-TEC) sont implantées dans dix
départements de cinq provinces (Yatenga, Lorum, Zondoma,
Passoré, Kourwéogo) du Burkina Faso. Ces provinces sont
localisées au Nord et au CentreNord du pays.
Elles sont caractérisées par des
activités à forte intensité de main d'oeuvre
organisées surtout par des organisations paysannes. Ce qui
suscite une grande intervention de plusieurs partenaires au
développement. La lutte contre la désertification et la
faim sont les principales activités qui occupent la population.
Ces provinces constituent des zones à forte intervention de la
FNGN.
Groupements Naam (FNGN). II existe au total dix
sept caisses disséminées dans ces provinces dont quatorze
fonctionnelles. Une B-TEC couvre en moyenne dix villages et la
population cible estimée à environ 50 000 habitants est
essentiellement rurale. Les B-TEC coexistent dans leur zone
d'intervention avec des mutuelles, des institutions de crédit
direct et des projets à volet crédit. Nous avions
dénombré au total 15 institutions présentes sur le
même marché que les BTEC en 1998. Le taux de
pénétration des B-TEC est de 12% ; ce qui est très
faible. Cette faiblesse s'explique par l'ancrage de la caisse populaire
et la prolifération des SFD.